[...] La notion de maltraitance est, tout d’abord, parfois fort difficile à affirmer, et c’est toute l’expérience du clinicien qui est ici sollicitée afin de pouvoir repérer les bizarreries de la sémiologie ou les réactions parentales atypiques voire incompréhensibles du point de vue de la logique relationnelle élémentaire.
En tout état de cause, il faut savoir que l’enfant cherche souvent à protéger ses parents maltraitants, ce qui complique encore le repérage, et que de toute manière le clinicien n’est pas en position de policier ou de magistrat, son rôle étant seulement de pointer l’hypothèse de maltraitance
Mais, par ailleurs, pouvoir reconnaître la maltraitance suppose de savoir reconnaître notre propre ambivalence envers l’enfance, et ce d’autant plus que c’est précisément cette ambivalence qui se trouve en partie à l’origine de nombre de vocations de professionnels œuvrant dans le champ de l’enfance. [...]
In, Bernard Golse, "La maltraitance infantile, par delà la bienpensée", Temps d'arrêt, yapaka, p 33, 2013