[Billet invité / Par Géraldine Davoine]
Shine est (comme son nom l’indique) un film lumineux, de Scott Hicks, sorti en 1996.
L’histoire s’inspire de la vie de David Helfgoot, pianiste australien, qui dès son plus jeune âge fit preuve de dons exceptionnels, avant que de graves troubles psychiques ne l’écartent de la scène pour de nombreuses années.
C’est l’histoire d’un enfant doué pour le piano, qui grandit sous la coupe d’un père autoritaire et tyrannique. « Tu seras le plus grand des musiciens, mon fils, et personne ne t’aimera autant que moi », lui répète inlassablement ce père qui, traumatisé par la déportation des siens, redoute plus que tout de voir un jour ses enfants lui échapper. « La vie est cruelle. Il faut survivre. Je suis ton père David. Je sais mieux que personne ce qu’il te faut. Je sais où est ton intérêt. Je suis un petit garçon qui a beaucoup de chance. Répète…».
C’est un père qui se pose comme éducateur absolu de son fils, un père tout-puissant, qui exerce un contrôle permanent sur le corps et l’esprit de son jeune garçon.
Les conséquences en seront dramatiques…
Comment se construire lorsque toute tentative d’affirmation de soi est rejetée, toute manifestation d’une différenciation bannie, culpabilisée, et provoque désaveu et menace d’expulsion? « Si tu pars, tu ne remettras jamais les pieds ici. Tu n’auras plus de père. Tu ne seras plus le fils de personne. Tes sœurs perdront un frère ».
Ici, grandir signifie accomplir les rêves brisés du père, réaliser ses désirs. « Quand j’étais petit, mon père a brisé mon violon. Tu as beaucoup de chance, David, de pouvoir jouer de la musique, du piano ».
La barre est très haute, et l’objectif ultime (interpréter le troisième concerto de Rachmaninoff) quasi inaccessible. David, ne l’atteindra qu’en y perdant la raison…
Remarquablement interprété, ce rôle a valu à Geoffrey Rush l’Oscar du meilleur acteur, et nous offre un grand moment de cinéma.