[Vidéo] Etre parent en contexte de confinement : concilier tous les rôles est une gageure
Daniel Coum (04:35), psychologue clinicien, évoque l'importance de la co-éducation comme élément fondateur du développement de l'enfant. Le confinement qui engage un huis clos familial entrave soudainement cette nécessaire alliance éducative entre adultes autour de l'enfant. Car les parents ne peuvent assumer tous les rôles. Cela relève d'une nécessité fondatrice pour l'enfant qui se construit en appui sur une diversité d'adultes. C'est essentiel pour l'adulte, qui ne peut se suffire à lui-même dans cette tâche éducative.
[Vidéo] Le confinement, une mesure de protection qui bouleverse le rôle habituel de la famille
Les liens familiaux, l'attachement sont, comme le rappelle Daniel Coum (05:41), psychologue clinicien, un moyen pour que l'enfant puisse s'émanciper, grandir, se séparer, partir. L'adolescence étant le point culminant de ce processus.
Dans cette mesure, le confinement crée un contexte paradoxal à la fonction première de la famille.
[Vidéo] « L’école à la maison » en contexte de Covid-19 : quelle alliance éducative entre adultes, chacun dans les limites de son rôle, celui du parent et celui de l’enseignant ?
Françoise Guillaume (02:40), coordinatrice du Centre d'Etudes decrolyennes, insiste sur la nécessité pour chaque adulte d'occuper sa place auprès de l'enfant. Cette alliance entre adultes se prolonge entre eux, même à distance, parfois symboliquement. A ce titre, les parents n'ont pas pour vocation de remplacer les enseignants.Ils vont proposer aux enfants des activités du quotidien qui développent tout autant leurs 5 sens, leurs capacités cognitives, leurs représentations dans l'espace et le temps... compétences qui souteinnent les apprentissages scolaires.
[Vidéo] En contexte de crise sanitaire, les apprentissages de l’enfant passent par le jeu et les activités non pédagogiques
Françoise Guillaume (03:10), coordinatrice du Centre d'Etudes decrolyennes, déplie l'importance du jeu et des activités quotidiennes comme sources d'apprentissages pour l'enfant.
Les parents n'ont pas pour vocation de faire apprendre les divisions écrites ou la conjugaison qui sont des matières scolaires. Ils sont là pour soutenir l'enfant et surtout pour que l'enfant puisse adresser son travail à quelqu'un, ce qui est fondamental.
[Vidéo] En quoi la crise sanitaire attise une conscience des inégalités ?
Véronique Le Goaziou (04:07), sociologue, explique combien, à travers cette crise, chacun prend conscience de manière plus flagrante des différences qui existent dans le social, et y compris de toutes les inégalités à l'oeuvre : vivre en ville ou à la campagne, être en appartement ou dans une maison... Si cette conscience semble bien prégnante, il est difficile de savoir si cela perdurera dans le temps.
[Vidéo] Crise sanitaire et fracture sociale
Véronique Le Goaziou (04:38), sociologue, explique comment le Covid-19 touche de manière assez égalitaire (personne n'étant à l'abri d'une contamination). Le confinement, lui, vient souligner, exacerber les immenses inégalités sociales à l'oeuvre : vivre dans sa maison de campagne face à la mer ou partager un petit appartement à plusieurs est radicalement différent et fait vivre aux gens des expériences de vie sans commune mesure. Les conséquences de cette crise seront donc très certainement différentes selon ce que chacun aura été amené à supporter.
[Vidéo] Comment la crise sanitaire éveille une peur de l'autre et détricote le lien social ?
Selon Véronique Le Goaziou (02:49), sociologue, la crise sanitaire que nous traversons est particulière en ce qu'elle nous oblige, par mesure de sécurité, à mettre l'autre à distance. L'impact de cette mise à distance, mais aussi de tout ce que la crise génère sur les relations sociales, la solidarité, est difficilement mesurable actuellement.
[Vidéo] Comment la crise sanitaire impacte la solidarité ?
Pour Véronique Le Goaziou (04:24), sociologue, la question de l'impact de la crise sanitaire se pose sans doute plus du côté des relations sociales que de la solidarité. Soudainement, les gestes barrières nous obligent à tenir l'autre à distance, y compris l'autre qui nous est pourtant si familier (voisins, amis, parents...). Nous reléguons hors de notre sphère d'intimité les gens qui habituellement en font partie, les transformant soudain en étrangers.
[Vidéo] La crise sanitaire actuelle à la lueur des crises qui ont marqué l’histoire
Véronique Le Goaziou (03:40), sociologue, analyse le contexte du Covid-19 au regard de l'histoire de l'humanité qui de tout temps a dû faire face à des pandémies qui ont tué des millions de personnes (peste, choléra, grippe espagnole...).
La particularité aujourd'hui, pour nos sociétés occidentales, consiste à la confrontation effractante de la mort et de la maladie généralement reléguées dans des lieux protégés tels les hôpitaux. Le contexte actuel ramène cette réalité de la mort à notre porte, dans un quotidien qui potentiellement peut tous nous toucher.
[Vidéo] Le fou rire, une manière de dire sa détresse
Pour David Le Breton (04:24), anthropologue, il est indispensable pour les professionnels qui travaillent auprès d'enfants, de familles, et même pour les parents, de tenir compte de la complexité, de l'ambivalence du rire. En effet, le fou rire par exemple survient souvent dans des situations de tension et témoigne, non pas d'une moquerie ou d'une volonté de blesser, mais de la détresse ressentie.
[Vidéo] Le rire, témoin de nos émotions
David Le Breton (03:39), anthropologue, invite à penser le rire autrement que comme un signe de joie, à découvrir d'autres de ses significations anthropologiques. Notamment ses figures plus négatives comme la moquerie, qui devient alors une figure perverse du rire, fréquent dans le racisme, l'antisémitisme...
[Vidéo] Covid-19 : une invitation à voir la crise telle une opportunité initiatique pour renaître autrement
Un entretien avec David Le Breton (03:16), anthropologue, dans le contexte du Covid-19.
[Vidéo] En contexte de confinement, comment concilier notre besoin de bouger, de marcher ?
Un entretien avec David Le Breton (02:22), anthropologue, dans le contexte du Covid-19.
[Vidéo] Le rire, un outil précieux pour le professionnel
David Le Breton (05:03), anthropologue, rappelle toute l'importance du rire dans ce contexte de crise. Il permet de "desserrer" la situation, de pouvoir garder une force intérieure, un élan vital pour ne pas sombrer dans la plainte. En réunion d'équipe, une anecdote, une blague, permettra de relativiser, d'introduire une distance par rapport à la situation, d'affirmer une liberté.
[Vidéo] Dans le contexte de Covid-19, comment continuer à travailler avec des familles qui ne demandent rien ?
Pascal Kayaert (02:59), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, évoque l'enjeu, pour les professionnels du soin qui ne peuvent plus pratiquer comme habituellement, de trouver un moyen de prêter attention aux personnes avec qui ils sont engagés dans un suivi. C'est à ce prix, en offrant cette attention, cette reconnaissance (en envoyant un sms pour prendre des nouvelles...) que les personnes pourront formuler une éventuelle demande ou dire, même à demi-mots, ce dont ils ont besoin.
[Vidéo] Mesures de sécurité et de confinement, quand la vie sociale s’organise autour d’interdits, quels impacts pour les personnes les plus fragiles ?
Un entretien avec Pascal Kayaert, travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, dans le contexte du Covid-19. (04:14)
[Vidéo] Penser la parole comme un acte, un outil de prévention en cas de confinement
Pascal Kayaert (04:04), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, évoque combien, de manière générale, les adolescents sont souvent en difficulté pour dire, exprimer ce qu'ils vivent. Or, plus il y a de mots mis sur les vécus compliqués, moins il y a de passage à l'acte. Dans ce moment de confinement qui a obligé au collage familial, sans personne ni activité pour faire tiers, la parole peut avoir cet effet d'amener de l'air, d'amener de l'autre.
[Vidéo] En contexte de confinement, promouvoir l’acte de parole pour éviter le passage à l’acte
Pascal Kayaert (04:01), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles propose, pour aider adultes, jeunes, enfants à dépasser la situation d'interdits auxquels ils sont confrontés à envisager un renversement de paradigme : "Qu'est-ce que je peux encore faire ?". Dans ce cadre, l'acte de parole est un acte fort. Quelqu'un offre un espace de paroles à quelqu'un d'autre pour que ce dernier puisse être reconnu dans sa difficulté face à la situation.
[Vidéo] Comment poser le cadre de l’aide par vidéo qui expose l’espace intime de chacun ?
Pascal Kayaert (03:59), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, déplie quelques points d'attention à avoir en tête lorsque le professionnel travaille en vidéo-conférence, par exemple en soignant l'arrière-plan et en le conservant au cours des différentes séances permet de garder la distance relationnelle nécessaire au suivi.
[Vidéo] Le professionnel garant du cadre aussi dans les entretiens par téléphone
Pascal Kayaert (03:14), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, insiste sur l'importance, lors d'un entretien téléphonique entre un enseignant et un élève, ou entre un psychologue et un patient, que le professionnel prenne quelques minutes pour expliquer le cadre, mais aussi pour que la personne qui demande son aide puisse questionner et interroger ce cadre. Cette co-construction participe déjà à la mise en relation entre les deux participants.
[Vidéo] En contexte de crise sanitaire, passer de l’entretien en présence à l’entretien téléphonique, quels sont les aménagements à repenser ?
Pascal Kayaert, travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles (04:14) évoque comment, lors d’un entretien téléphonique ou vidéo, penser les effets liés au changement de lieu et de cadre. Il souligne comment recomposer avec ces nouvelles donnes et revient sur l’importance de prendre un temps pour expliciter les règles de l’entretien qui va s’y dérouler.
[Vidéo] Le rire, une modalité relationnelle
David Le Breton (04:57), anthropologue, explique combien le rire mais le sourire aussi, sont des moyens d'établir une connivence entre individus, une manière de se mettre en relation. Cela peut aussi être une manière, quand l'autre est en souffrance, de le rejoindre là où il se sent éloigné du fait de sa difficulté.
[Vidéo] Mesures de confinement et risques de fugue à l'adolescence
David Le Breton, anthropologue (03:23), explique combien le confinement peut être vécu comme violent par les adolescents, qui se sentent véritablement enfermés, tels des détenus.
La fugue pour quelques heures, quelques jours est un phénomène psycho-logique, socio-logique. Leur besoin impérieux de liberté est compréhensible à ce stade de leur vie. Et lorsqu'ils reviennent après quelques heures, ils réaffirment un certain contrôle sur la situation : "Je suis parti alors que vous me l'avez interdit, mais je suis revenu et c'est moi qui fais le choix de rester et d'accepter ce confinement."
[Vidéo] « Etre ensemble, un partage de rires »
Selon David Lebreton (01:59), anthropologue, le rire est une manière de se rapprocher des autres, d'être en connivence. Lorsqu'on partage une blague, qu'on envoie une vidéo marrante via les réseaux sociaux, tout à coup, on est à nouveau réunis.