[Extrait de livre] De la performance au burn out

[...] Le burn out met en avant le sentiment de manque de reconnaissance. Il repose sur une injonction personnelle au devoir de réussite, mais aussi sur un sentiment d’absence de soutien. Il s’agit d’une faille dans le sentiment d’exister dans un espace social. Le burn out peut alors être vu comme un vide intérieur lié à l’impossibilité de se tenir à la hauteur de ce que l’on prête comme attentes à un collectif qui exige beaucoup (à nos yeux), mais en donnant peu (en termes de reconnaissance, ce qui ne passe pas seulement par une valorisation financière). Ainsi, le burn out pourrait apparaître comme un syndrome de l’excellence qui traduirait l’épuisement des ressources intérieures du sujet. Les différents engagements deviennent des lieux d’usure, vidant de l’intérieur le sujet. Ce syndrome est la maladie du sentiment de débordement des exigences de l’autre (à laquelle le sujet participe) qui se traduit par un évidement intérieur. Le sujet « se consume » progressivement. 

La question qui se pose dans l’épreuve du burn out est celle du sens ou, au moins, du sens de l’activité professionnelle ou du rôle de parent dans la construction du sujet. On peut y voir une mise à mal du sens. L’angoisse du non-sens va ici de pair avec la non-reconnaissance (comme si on passait du sentiment « je ne suis pas reconnu dans ce que je fais, dans mon dévouement » au constat « je ne me reconnais plus dans ce que je fais »). Il convient ici de distinguer deux dimensions de l’immense question du sens.[...]

In Laurent Denizeau, De nos vulnérabilités, Habiter le monde en ces temps d'incertitude, Temps d'arrêt novembre 2023 p 21-22
 

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