Penser, raisonner et développer son intelligence
Mobiliser son corps permet de mettre ses pensées en mouvement. En agissant sur son environnement, l’enfant construit et affine son raisonnement, partant du plus concret vers les plus hauts niveaux d’abstraction. Jouer et explorer dehors permettent le développement de la pensée scientifique. Par exemple, s’il veut construire une cabane, l’enfant établit un plan expérimental : il observe, se questionne, formule une hypothèse, compare, multiplie les essais erreurs, analyse, déduit avant de conclure devant une réalisation satisfaisante ou d’abandonner son projet pour le reporter à plus tard. Il réalise des opérations physiques et logico-mathématiques en manipulant les matières et les éléments à sa disposition dans les espaces extérieurs et dans la nature. Ainsi, en jouant, il intègre les notions de nombre, de quantité, de volume, de masse, de résistance ou encore d’équilibre des forces. L’activité autonome en plein air lui permet, sans même s’en rendre compte, de développer son intelligence, puisqu’il apprend à faire des liens pour résoudre des problèmes et s’adapter à son environnement. Il améliore ses capacités d’attention, de mémorisation et de planification. Curieux, il cherche à savoir et à comprendre le milieu dans lequel il évolue. Il peut ainsi se questionner à propos d’un tas de bois rongés qui fait barrage dans un ruisseau et se mettre en quête de traces que les castors auraient laissées pour vérifier son hypothèse.
Le raisonnement scientifique est une compétence hautement utile qui permet une compréhension plus juste du monde et de s’émanciper de toute forme de dogmatisme. Sans contact direct et régulier avec l’environnement, le risque est de développer un raisonnement spontané, source d’erreurs, qui renforcent de fausses croyances, telles que « l’eau gèle à zéro degré » ou « la nappe phréatique est un lac souterrain ».
Aussi, les séances d’éveil et l’étude du milieu gagnent à se réaliser sur le terrain : les acquis seront bien plus efficaces et durables si l’enfant a pu expérimenter par lui-même plutôt que d’ingurgiter des savoirs issus de livres, même les plus illustrés, ou de tableaux interactifs.