
«Oui Lisa dérange. Parce qu’elle a menti en accusant un homme de viol. Lisa Charvet tombe mal. Elle est toujours mal tombée, Lisa. D’abord, elle a été cette fille de quinze ans, si fière de ses seins qu’elle ne pouvait être qu’une salope aux yeux des garçons et des hommes qui la croisaient. Et aujourd’hui c’est pire. Elle n’avait pas le droit de mentir. Parce que ce n’est pas le moment !
[…] Elle leur dirait qu’on n’est pas coupable quand on ment à quinze ans. Que le plus dérangeant dans toute cette affaire, n’est pas tant de savoir pour quelle raisons Lisa a menti , mais pourquoi tant de gens ont eu envie de la croire.
Au fond dans cette affaire, il n’y a pas de coupable, il n’y a que de bonnes intentions. »
Dans La Petite Menteuse, Pascale Robert-Diard explore avec finesse et humanité la complexité des rapports entre parole, vérité et justice à travers l’histoire d’une adolescente accusant à tort un homme de viol.
Ce roman nous confronte à une vérité dérangeante : la parole d’un adolescent ne peut être ni ignorée, ni sanctuarisée. L’adulte, face à l’adolescent, se doit d’être une présence à la fois bienveillante et lucide. Il ne s’agit ni de douter systématiquement, ni de croire aveuglément. Il s’agit d’écouter « vraiment » et de chercher à comprendre ce que dit la parole, mais aussi ce qu’elle tait, ce qu’elle masque, ce qu’elle tente d’exprimer autrement.
Voilà tout ce que l’auteure de ce roman nous invite à revisiter. Car derrière chaque adolescent en crise se cache une histoire, parfois indicible qui réclame du temps, de la patience, et une écoute profonde, sans jugement hâtif.
