Les professionnels de la sphère psycho-sociale sont confrontés, avec les usagers, à des éléments de répétition. Ceux-ci ont un effet sur la relation, tant avec les auteurs qu’avec les victimes d’infraction pénale. Lors des consultations, la répétition émerge et exprime sa singularité sous différents masques. Cela éveille des émotions chez l’intervenant, et ouvre un questionnement en termes d’outils de travail.
Les auteurs rapportent la répétition au travers de la récidive, d’une histoire familiale qui se rejoue, d’une dynamique addictive qui se chronicise, ou encore, lorsque la prison devient un « lieu » au sens psychique du terme. Les victimes, elles, en témoignent du côté d’une victimisation « sans fin », d’une identité de victime, de l’entretien d’un cycle relationnel qui tourne en rond. Les personnes expriment que « ça leur échappe ».
Auteurs et victimes rapportent quelque chose de l’ordre de mécanismes identitaires autour des signifiants relatifs à une place singulière dans la société.
Dès lors, cette énigme aux allures mystérieuses pour l’usager, vient indiquer au professionnel des phénomènes inconscients et des défenses psychiques établis de longue date. Cette dynamique interroge avec insistance les professionnels dans leurs pratiques (psychologique, sociale, juridique, criminologique, sociologique,…). Fondamentalement, qu’est-ce que la répétition ? Comment s’y enferme-t-on ? Comment pouvoir l’entendre ? Quels en sont les enjeux? Quels sont les leviers thérapeutiques ?
Déplier ces questions, c’est sans doute aussi se dégager de l’impuissance éprouvée par le professionnel, et ouvrir à des ressources créatives afin d’ouvrir le champ avec les usagers.
Micheline Roelandt
Psychiatre, licenciée en sciences criminologiques
PAF : 25 €
