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[Vidéo] Crise sanitaire et fracture sociale

Véronique Le Goaziou (04:38), sociologue, explique comment le Covid-19 touche de manière assez égalitaire (personne n'étant à l'abri d'une contamination). Le confinement, lui, vient souligner, exacerber les immenses inégalités sociales à l'oeuvre : vivre dans sa maison de campagne face à la mer ou partager un petit appartement à plusieurs est radicalement différent et fait vivre aux gens des expériences de vie sans commune mesure. Les conséquences de cette crise seront donc très certainement différentes selon ce que chacun aura été amené à supporter. 

[Vidéo] Comment la crise sanitaire impacte la solidarité ?

Pour Véronique Le Goaziou (04:24), sociologue, la question de l'impact de la crise sanitaire se pose sans doute plus du côté des relations sociales que de la solidarité. Soudainement, les gestes barrières nous obligent à tenir l'autre à distance, y compris l'autre qui nous est pourtant si familier (voisins, amis, parents...). Nous reléguons hors de notre sphère d'intimité les gens qui habituellement en font partie, les transformant soudain en étrangers. 

[Vidéo] La crise sanitaire actuelle à la lueur des crises qui ont marqué l’histoire

Véronique Le Goaziou (03:40), sociologue, analyse le contexte du Covid-19 au regard de l'histoire de l'humanité qui de tout temps a dû faire face à des pandémies qui ont tué des millions de personnes (peste, choléra, grippe espagnole...).
La particularité aujourd'hui, pour nos sociétés occidentales, consiste à la confrontation effractante de la mort et de la maladie généralement reléguées dans des lieux protégés tels les hôpitaux. Le contexte actuel ramène cette réalité de la mort à notre porte, dans un quotidien qui potentiellement peut tous nous toucher.  

[Vidéo] Le fou rire, une manière de dire sa détresse

Pour David Le Breton (04:24), anthropologue, il est indispensable pour les professionnels qui travaillent auprès d'enfants, de familles, et même pour les parents, de tenir compte de la complexité, de l'ambivalence du rire. En effet, le fou rire par exemple survient souvent dans des situations de tension et témoigne, non pas d'une moquerie ou d'une volonté de blesser, mais de la détresse ressentie. 

[Vidéo] Le rire, témoin de nos émotions

David Le Breton (03:39), anthropologue, invite à penser le rire autrement que comme un signe de joie, à découvrir d'autres de ses significations anthropologiques. Notamment ses figures plus négatives comme la moquerie, qui devient alors une figure perverse du rire, fréquent dans le racisme, l'antisémitisme...

[Vidéo] Le rire, un outil précieux pour le professionnel

David Le Breton (05:03), anthropologue, rappelle toute l'importance du rire dans ce contexte de crise. Il permet de "desserrer" la situation, de pouvoir garder une force intérieure, un élan vital pour ne pas sombrer dans la plainte. En réunion d'équipe, une anecdote, une blague, permettra de relativiser, d'introduire une distance par rapport à la situation, d'affirmer une liberté.

[Vidéo] Dans le contexte de Covid-19​, comment continuer à travailler avec des familles qui ne demandent rien ?

Pascal Kayaert (02:59), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, évoque l'enjeu, pour les professionnels du soin qui ne peuvent plus pratiquer comme habituellement, de trouver un moyen de prêter attention aux personnes avec qui ils sont engagés dans un suivi. C'est à ce prix, en offrant cette attention, cette reconnaissance (en envoyant un sms pour prendre des nouvelles...) que les personnes pourront formuler une éventuelle demande ou dire, même à demi-mots, ce dont ils ont besoin. 

[Vidéo] Penser la parole comme un acte, un outil de prévention en cas de confinement

Pascal Kayaert (04:04), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, évoque combien, de manière générale, les adolescents sont souvent en difficulté pour dire, exprimer ce qu'ils vivent. Or, plus il y a de mots mis sur les vécus compliqués, moins il y a de passage à l'acte. Dans ce moment de confinement qui a obligé au collage familial, sans personne ni activité pour faire tiers, la parole peut avoir cet effet d'amener de l'air, d'amener de l'autre. 

[Vidéo] En contexte de confinement, promouvoir l’acte de parole pour éviter le passage à l’acte

Pascal Kayaert (04:01), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles propose, pour aider adultes, jeunes, enfants à dépasser la situation d'interdits auxquels ils sont confrontés à envisager un renversement de paradigme : "Qu'est-ce que je peux encore faire ?". Dans ce cadre, l'acte de parole est un acte fort. Quelqu'un offre un espace de paroles à quelqu'un d'autre pour que ce dernier puisse être reconnu dans sa difficulté face à la situation. 

[Vidéo] Le professionnel garant du cadre aussi dans les entretiens par téléphone

Pascal Kayaert (03:14), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, insiste sur l'importance, lors d'un entretien téléphonique entre un enseignant et un élève, ou entre un psychologue et un patient, que le professionnel prenne quelques minutes pour expliquer le cadre, mais aussi pour que la personne qui demande son aide puisse questionner et interroger ce cadre. Cette co-construction participe déjà à la mise en relation entre les deux participants. 

[Vidéo] En contexte de crise sanitaire, passer de l’entretien en présence à l’entretien téléphonique, quels sont les aménagements à repenser ?

Pascal Kayaert, travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles (04:14) évoque comment, lors d’un entretien téléphonique ou vidéo, penser les effets liés au changement de lieu et de cadre. Il souligne comment recomposer avec ces nouvelles donnes et revient sur l’importance de prendre un temps pour expliciter les règles de l’entretien qui va s’y dérouler.

[Vidéo] Le rire, une modalité relationnelle

David Le Breton (04:57), anthropologue, explique combien le rire mais le sourire aussi, sont des moyens d'établir une connivence entre individus, une manière de se mettre en relation. Cela peut aussi être une manière, quand l'autre est en souffrance, de le rejoindre là où il se sent éloigné du fait de sa difficulté. 

[Vidéo] Mesures de confinement et risques de fugue à l'adolescence

David Le Breton, anthropologue (03:23), explique combien le confinement peut être vécu comme violent par les adolescents, qui se sentent véritablement enfermés, tels des détenus.

La fugue pour quelques heures, quelques jours est un phénomène psycho-logique, socio-logique. Leur besoin impérieux de liberté est compréhensible à ce stade de leur vie. Et lorsqu'ils reviennent après quelques heures, ils réaffirment un certain contrôle sur la situation : "Je suis parti alors que vous me l'avez interdit, mais je suis revenu et c'est moi qui fais le choix de rester et d'accepter ce confinement."

[Vidéo] « Etre ensemble, un partage de rires »

Selon David Lebreton (01:59), anthropologue, le rire est une manière de se rapprocher des autres, d'être en connivence. Lorsqu'on partage une blague, qu'on envoie une vidéo marrante via les réseaux sociaux, tout à coup, on est à nouveau réunis.

[Vidéo] Rire pour dépasser la détresse ambiante

David Le Breton (02:31), anthropologue, souligne la nécessité de continuer à rire dans un contexte de crise comme nous la traversons. Que ce soit avec les gens qui vivent sous le même toit ou sur les réseaux sociaux, le rire permet d'établir une complicité entre humains. Il permet de se rassembler, de contrecarrer la violence du confinement et aussi de pouvoir réaffirmer une certaine liberté, un moyen de résister face à l'adversité, de ne pas se laisser submerger par l'angoisse ambiante.

[Vidéo] Quand tous les repères sont bouleversés, quelle place occupe le professionnel de l’aide ?

Les professionnels (psychologues, logopèdes...) peuvent continuer à être présents auprès des familles et des enfants malgré la suspension des rendez-vous habituels, souligne Pierre Delion. D'une part en signifiant à l'enfant et sa famille qu'ils sont toujours présents pour eux, qu'ils pensent à eux et d'autre part, si le confinement se prolonge, en imaginant une poursuite des prises en charge, via d'autres modalités pour les enfants les plus en difficulté.
Un entretien avec Pierre Delion, pédopsychiatre, dans le contexte du Covid-19. (03:59)

[Vidéo] Crise sanitaire et mesures de confinement, quels impacts sur l'enfant?

Dans cet entretien, Pierre Delion (04:19), pédopsychiatre, explique que les enfants sentent l'inquiétude de leurs parents et les sollicitent pour être rassurés. Or, la situation est telle que les parents sont eux-mêmes perdus, n'ont pas réponse à tout. Ils doivent pouvoir communiquer cela à leurs enfants en Répondant aux questions dont ils ont les réponses mais aussi en leur disant qu'ils ignorent certaines choses, qu'ils sont eux-mêmes un peu inquiets.

 

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