L’imagination de l’enfant est connue pour être débordante et il est vrai que les histoires qu’il raconte et invente, semblent illimitées. L’aire de jeux qu’ils se sont créée pour inventer ainsi des scénarii tous plus invraisemblables les uns que les autres, a été appelée par D. Winnicott « l’aire d’illusion ». Cette aire est un espace-temps durant lequel les enfants jouent à faire semblant, à être un autre que soi, mais aussi à projeter ses pires cauchemars les jouant encore et encore pour les exorciser le plus possible. Les thèmes de la mort, de la pauvreté, de la perte, de la violence, du conflit sont l’expression de préoccupations propres à l’enfance. Derrière ces jeux, il faut lire la question de l’autorité, de la peur de grandir, de la crainte de perdre ceux qu’on aime, d’être fragile, seul ... Là nous pouvons mesurer pleinement que le jeu est une activité de vie, c’est-à-dire au service de la vie psychique, permettant au récit personnel de l’enfant d’advenir. Là est un sujet majeur dans le développement de l’enfant, lui laisser le temps de construire des structures narratives dans lesquelles il advient. C’est dans des activités ludiques de faire semblant, en faisant comme si, que l’enfant peut ressentir en se mettant dans la peau d’un autre, parfois dans un costume de héros, qu’il devient lui-même. Jouer c’est penser, jouer c’est se penser et penser l’autre.
In Marinopoulos S., "Jouer pour grandir" , yapaka, 2015. Ce livre est disponible gratuitement en téléchargement.