Camille Kouchner décrit ici le climat incestuel sur lequel est survenu le viol de son frère jumeau par le beau père, le politologue Olivier Duhamel : un climat d’indifférence, d’agir, d’abus, de déni, de confusion et d’emprise. Et même si elle n’est pas la victime physique, elle est bien la victime de sa perversité, du climat. Sous l’ambiance festive et intellectuelle, sous l’interdit d’interdire et la jouissance « sans entraves », c’est pour l’enfant un apprentissage invisible de la soumission, c’est la violence, la mort de la pensée, l’angoisse et la sidération. Dans ce livre elle dépeint l’emprise, l’insidieuse séduction et l’abus narcissique bien davantage que l’inceste subi par le frère. Son monde sera façonné et organisé par l’autre jusqu’au plus intime de ce qui doit être éprouvé. Une parole incompréhensible agence les choses et les places, hors sens. Ne pas comprendre ce qu’on est censé faire mais le faire. Être là et pas là.
« À peine 15 ans, et je fume avec les parents. À Sanary, rien n'est interdit. Ma mère m’achète mes paquets de cigarettes mais trouve que mon père pourrait me les payer. On fume un peu de tout, en réalité. À peine 15 ans, et mon beau-père se fait photographe. Les culs, les seins, les peaux, les caresses. Tout y passe. Sur les murs de la Ferme, les images sont exposées en grand. Dans la cuisine de cette maison des enfants, une photo de sa vieille mère, quasi nue dans le jacuzzi, seins flottants à la surface de l’eau. «
"Il n'y a pas eu de violence. Ton frère n'a jamais été forcé. Mon mari n'a rien fait. C'est ton frère qui m'a trompée"
« Souviens-toi, maman : nous étions tes enfants. »