L’éducation, pardon, l’éveil culturel et artistique, est au centre des préoccupations institutionnelles ces toutes dernières années.
La Convention internationale des droits de l’enfant édictait déjà en 1989 la nécessité de « respecter et de favoriser le droit de l’enfant de participer pleinement à la vie culturelle et artistique » et elle encourageait « l’organisation à son intention de moyens appropriés de loisirs et d’activités récréatives, artistiques et culturelles, dans des conditions d’égalité ». En France, dans la continuité du protocole interministériel pour l’éveil artistique et culturel des jeunes enfants (mars 2017), la mission de Sophie Marinopoulos sur l’éveil artistique et culturel des jeunes enfants (2019) a permis la promotion du concept de « santé culturelle », posant même comme nouveau défi sanitaire la question de la « malnutrition culturelle ». Mais pourquoi donc faut-il cultiver les bébés humains, ces petits êtres immatures au développement prolongé, comparé aux autres mammifères ?
Certes, cette situation présente bien des avantages – la longue période de plasticité cérébrale qui en résulte leur permet d’apprendre grâce à leur environnement et d’ensemencer imaginaire et créativité –, mais en contrepartie les tout-petits gardent longtemps une capacité d’auto-régulation fragile qui dépend des personnes prenant soin d’eux. L’art et la culture ne seraient-ils pas de sensibles moyens, qui leur sont offerts, de réguler leur état intérieur ? Les bébés sont aussi, très tôt, des êtres sociaux et c’est incroyable à quel point ils semblent intrinsèquement animés du désir d’être en lien, de faire ensemble (pardon, de coopérer), d’aider les autres...
L’art et la culture ne seraient- ils pas en fait aussi de précieux outils, fort efficaces, pour promouvoir leurs développements social et
émotionnel précoce ?
Patrick Ben Soussan et les membres du collège Spirale
