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[Vidéo] En contexte de confinement, comment penser l’alliance éducative parents-enseignants autour de l’enfant ?

Un entretien avec Daniel Coum (03:50), psychologue clinicien, dans le contexte du Covid-19.

Pour qu'un enfant investisse les apprentissages, l'univers scolaire, il est nécessaire que parents et enseignants se fassent confiance mutuellement.
Dans le cas de l'école à la maison, il est indispensable que cette relation soit maintenue, que les parents ne se substituent pas à l'enseignant. Parce que les parents n'ont pas les compétences des enseignants et parce que l'enfant grandit en investissant d'autres adultes, en s'ouvrant à l'extérieur. Il doit pouvoir observer les limites de ses parents. 

Françoise Guillaume

Françoise Guillaume est actuellement coordinatrice du Centre d'Etudes decrolyennes.
Agrégée en Mathématiques et DEA en Sciences de l'Education, Françoise Guillaume a été enseignante durant 15 ans et directrice de l'école Decroly à Uccle pendant 17 ans.

Elle est l'auteure de plusieurs livres dont  "L'enfant : petit homme ou petit d'homme ?"(Laharmattan, 2008)  avec Philippe Meirieu et "Eduquer l'attention" ( 2019 )

[Vidéo] Etre parent en contexte de confinement : concilier tous les rôles est une gageure

Daniel Coum (04:35), psychologue clinicien, évoque l'importance de la co-éducation comme élément fondateur du développement de l'enfant. Le confinement qui engage un huis clos familial entrave soudainement cette nécessaire alliance éducative entre adultes autour de l'enfant. Car les parents ne peuvent assumer tous les rôles. Cela relève d'une nécessité fondatrice pour l'enfant qui se construit en appui sur une diversité d'adultes. C'est essentiel pour l'adulte, qui ne peut se suffire à lui-même dans cette tâche éducative. 

[Vidéo] « L’école à la maison » en contexte de Covid-19 : quelle alliance éducative entre adultes, chacun dans les limites de son rôle, celui du parent et celui de l’enseignant ?

Françoise Guillaume (02:40), coordinatrice du Centre d'Etudes decrolyennes, insiste sur la nécessité pour chaque adulte d'occuper sa place auprès de l'enfant. Cette alliance entre adultes se prolonge entre eux, même à distance, parfois symboliquement. A ce titre, les parents n'ont pas pour vocation de remplacer les enseignants.Ils vont proposer aux enfants des activités du quotidien qui développent tout autant leurs 5 sens, leurs capacités cognitives, leurs représentations dans l'espace et le temps... compétences qui souteinnent les apprentissages scolaires. 

[Vidéo] En contexte de crise sanitaire, les apprentissages de l’enfant passent par le jeu et les activités non pédagogiques

Françoise Guillaume (03:10), coordinatrice du Centre d'Etudes decrolyennes, déplie l'importance du jeu et des activités quotidiennes comme sources d'apprentissages pour l'enfant.
Les parents n'ont pas pour vocation de faire apprendre les divisions écrites ou la conjugaison qui sont des matières scolaires. Ils sont là pour soutenir l'enfant et surtout pour que l'enfant puisse adresser son travail à quelqu'un, ce qui est fondamental. 

L'école à la maison en temps de Coronavirus

La fermeture des écoles partout en Belgique et en France s'accompagne de mesures prises par les gouvernements pour que les apprentissages scolaires soient maintenus. Le fil rouge donné aux enseignants : pas d'apprentissage de nouvelles matières mais bien un renforcement des acquis. Soudainement, des centaines de milliers d'enseignants doivent mettre en place, rapidement et sans avoir eu le temps de pouvoir élaborer en équipe ce changement, de nouvelles manières d'enseigner à leurs élèves confinés à la maison. Tout à coup, des millions de parents, se retrouvent à devoir faire l'école à la maison tout en devant parfois jongler avec le télétravail, l'occupation des plus jeunes... 

[Vidéo] En quoi la crise sanitaire attise une conscience des inégalités​ ?

Véronique Le Goaziou (04:07), sociologue, explique combien, à travers cette crise, chacun prend conscience de manière plus flagrante des différences qui existent dans le social, et y compris de toutes les inégalités à l'oeuvre : vivre en ville ou à la campagne, être en appartement ou dans une maison... Si cette conscience semble bien prégnante, il est difficile de savoir si cela perdurera dans le temps.

[Vidéo] Crise sanitaire et fracture sociale

Véronique Le Goaziou (04:38), sociologue, explique comment le Covid-19 touche de manière assez égalitaire (personne n'étant à l'abri d'une contamination). Le confinement, lui, vient souligner, exacerber les immenses inégalités sociales à l'oeuvre : vivre dans sa maison de campagne face à la mer ou partager un petit appartement à plusieurs est radicalement différent et fait vivre aux gens des expériences de vie sans commune mesure. Les conséquences de cette crise seront donc très certainement différentes selon ce que chacun aura été amené à supporter. 

[Vidéo] Comment la crise sanitaire impacte la solidarité ?

Pour Véronique Le Goaziou (04:24), sociologue, la question de l'impact de la crise sanitaire se pose sans doute plus du côté des relations sociales que de la solidarité. Soudainement, les gestes barrières nous obligent à tenir l'autre à distance, y compris l'autre qui nous est pourtant si familier (voisins, amis, parents...). Nous reléguons hors de notre sphère d'intimité les gens qui habituellement en font partie, les transformant soudain en étrangers. 

[Vidéo] La crise sanitaire actuelle à la lueur des crises qui ont marqué l’histoire

Véronique Le Goaziou (03:40), sociologue, analyse le contexte du Covid-19 au regard de l'histoire de l'humanité qui de tout temps a dû faire face à des pandémies qui ont tué des millions de personnes (peste, choléra, grippe espagnole...).
La particularité aujourd'hui, pour nos sociétés occidentales, consiste à la confrontation effractante de la mort et de la maladie généralement reléguées dans des lieux protégés tels les hôpitaux. Le contexte actuel ramène cette réalité de la mort à notre porte, dans un quotidien qui potentiellement peut tous nous toucher.  

[Vidéo] Le fou rire, une manière de dire sa détresse

Pour David Le Breton (04:24), anthropologue, il est indispensable pour les professionnels qui travaillent auprès d'enfants, de familles, et même pour les parents, de tenir compte de la complexité, de l'ambivalence du rire. En effet, le fou rire par exemple survient souvent dans des situations de tension et témoigne, non pas d'une moquerie ou d'une volonté de blesser, mais de la détresse ressentie. 

[Vidéo] Le rire, témoin de nos émotions

David Le Breton (03:39), anthropologue, invite à penser le rire autrement que comme un signe de joie, à découvrir d'autres de ses significations anthropologiques. Notamment ses figures plus négatives comme la moquerie, qui devient alors une figure perverse du rire, fréquent dans le racisme, l'antisémitisme...

[Vidéo] Le rire, un outil précieux pour le professionnel

David Le Breton (05:03), anthropologue, rappelle toute l'importance du rire dans ce contexte de crise. Il permet de "desserrer" la situation, de pouvoir garder une force intérieure, un élan vital pour ne pas sombrer dans la plainte. En réunion d'équipe, une anecdote, une blague, permettra de relativiser, d'introduire une distance par rapport à la situation, d'affirmer une liberté.

[Vidéo] Dans le contexte de Covid-19​, comment continuer à travailler avec des familles qui ne demandent rien ?

Pascal Kayaert (02:59), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, évoque l'enjeu, pour les professionnels du soin qui ne peuvent plus pratiquer comme habituellement, de trouver un moyen de prêter attention aux personnes avec qui ils sont engagés dans un suivi. C'est à ce prix, en offrant cette attention, cette reconnaissance (en envoyant un sms pour prendre des nouvelles...) que les personnes pourront formuler une éventuelle demande ou dire, même à demi-mots, ce dont ils ont besoin. 

[Vidéo] Penser la parole comme un acte, un outil de prévention en cas de confinement

Pascal Kayaert (04:04), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles, évoque combien, de manière générale, les adolescents sont souvent en difficulté pour dire, exprimer ce qu'ils vivent. Or, plus il y a de mots mis sur les vécus compliqués, moins il y a de passage à l'acte. Dans ce moment de confinement qui a obligé au collage familial, sans personne ni activité pour faire tiers, la parole peut avoir cet effet d'amener de l'air, d'amener de l'autre. 

[Vidéo] En contexte de confinement, promouvoir l’acte de parole pour éviter le passage à l’acte

Pascal Kayaert (04:01), travailleur social et directeur de Télé-Accueil Bruxelles propose, pour aider adultes, jeunes, enfants à dépasser la situation d'interdits auxquels ils sont confrontés à envisager un renversement de paradigme : "Qu'est-ce que je peux encore faire ?". Dans ce cadre, l'acte de parole est un acte fort. Quelqu'un offre un espace de paroles à quelqu'un d'autre pour que ce dernier puisse être reconnu dans sa difficulté face à la situation. 

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