[Glané] Mal-être, anorexie ou « célibat depuis la naissance » : que racontent les ados dans leurs journaux intimes ?

Un article de Rue89 reprend des extraits de journaux intimes d'adolescents que l'écrivain Irvin Anneix a réunis dans son livre "Mots d'ados". Une plongée dans l'intimité de Cléo, Nathan, Tess et beaucoup d'autres qui parlent sans tabou de leurs difficultés à trouver leur place, leurs rancoeurs, leur impossibilité de se confier à leurs parents, leurs interrogations, leurs désillusions, leurs rêves, leurs espoirs, leurs émois, la joie, la tristesse... Une plongée au coeur de la traversée adolescentaire qui avait déjà fait l'objet de projets sonores au centre Goerges Pompidou, de lecture en vidéo... 

Retrouvez l'intégralité de l'article 

Extrait : 

« J’ai peur, Maman »

« Maman, j’ai honte de l’image que tu as de moi. Celle que je t’ai laissée voir, parce que je ne voulais pas te montrer ma fragilité. J’ai préféré te faire voir ma bêtise. C’est tellement plus simple de faire croire qu’on se fiche de tout. Mais en réalité, j’ai peur Maman. J’ai peur de l’avenir, de ce que je vais devenir. J’ai conscience que je déconne complètement, que je décroche en cours, que je ne fais plus grand-chose de ma vie à part regarder ces séries débiles, comme tu les appelles, mais c’est la seule chose qui m’occupe l’esprit, qui me permet de m’évader de cette vie. Maman, je me sens tellement inutile dans ce monde. J’ai l’impression que je n’y ai pas ma place, que je ne trouverai jamais un sens à ma vie. Je me trouve nulle dans tout ce que je fais. Je sais que je te déçois constamment, et je ne le fais pas pour te contrarier, mais parce que je vais mal. Je ne sais pas comment m’en sortir. Je ne crois plus en rien, et encore moins en l’avenir. La vie, je la trouve moche, inhumaine et cruelle. J’ai peur du monde dans lequel je vis. Avec du recul, je me rends compte que, malgré moi, mes actes font que je me fais remarquer négativement, entre les cours que je sèche, le fait que je fume, mon glandage quotidien, et j’en passe… Mais je ne sais plus comment avancer. J’aimerais qu’on m’aide, qu’on me prenne au sérieux, mais au lieu de ça, on me rabaisse, on m’engueule… Je me sens de plus en plus seule face à ça, face à la vie. Je vois mes amis évoluer dans ce monde, et moi je reste immobile face à mes peurs. Je suis comme tétanisée face à la vie. Si seulement, tu comprenais tout ça Maman.

Aurélie-Cati. »

Share

 Imprimer la page