Transformations du corps adolescent

[ ...] Si l’existence toute entière est une succession de crises d’identité, de métamorphoses intimes, le moment de l’adolescence en est sans doute la plus aigüe. Il accompagne la quête de différenciation et d’autonomie du jeune au regard de ses parents et, surtout, la recherche d’un sens et d’une valeur à sa vie. Le corps en tant que source de changement est perçu comme soi et autre, motif d’anxiété car il devient insaisissable  et contraint à l’assomption d’une identité personnelle et sexuelle, alors que pour certains rien ne vient appuyer moralement cette métamorphose. Le jeune a parfois le sentiment que ni la réalité extérieure du lien social, ni sa propre réalité psychique ne sont sous son
contrôle, il est en quête passionnée de limites de sens pour savoir enfin qui il est et s’établir en soi. L’une et l’autre le poussent dans ses retranchements sans qu’il puisse s’en approprier les termes en toute confiance.
En même temps qu’il cesse de se reconnaître, le jeune perd les certitudes de l’enfance et le holding familial qui l’enveloppe de sa sécurité  ; les significations du monde qui l’entoure lui échappent en partie. D’où à cet
âge les rougeurs, les gaucheries, les timidités, les rires défensifs, l’intellectualisation, etc. qui témoignent de sa maladresse à assumer la personne qu’il est devenu aux yeux des autres et celle qu’il pressent en lui mais qu’il cherche encore. 
in David Le Breton, "Corps et adolescence", Temps d'arrêt, yapaka, PP 4-5
 

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