Accueillir les personnes et leur demande est une tâche essentielle dans le contexte d’un Service d’Aide aux Justiciables. Des consultations d’aide psychologique, sociale et juridique adaptées aux besoins spécifiques sont proposées. Il est fréquent que les victimes ou les auteurs d’infractions parfois confrontés à des conditions de vie considérablement dégradées, éprouvent un état d’urgence. Leur rapport au temps n’est alors plus en phase avec celui du commun des mortels. Ils ont à agir pour assurer leur protection et au pire leur survie. Il est légitime que les personnes en situation de danger probable manifestent de l’impatience voir de l’incompréhension à l’égard d’institutions desquelles elles attendent une réponse dont dépendra leur sort même si cela comporte une part d’imaginaire. Il arrive cependant que l’impatience se mue en agressivité et que la demande s’exprime sur le ton de l’intransigeance. L’accueil dès lors nous paraît mis en difficulté tant le demandeur semble dénier les conditions de la réalité. Les informations que nous pouvons apporter dans l’immédiat ne paraissent pas compter. Les délais ou la disponibilité des professionnels du réseau deviennent la cause de vaines protestations. Que comprendre de l’arrogante position de cet « usager-roi » qui semble mettre en péril, en définitive, la possibilité pour lui-même d’une évolution favorable ? A celui-là qui demande la lune et à défaut de pouvoir la décrocher et la lui offrir : comment pourrions-nous au mieux prendre position face à cet impossible où nous paraissons être envoyés ?
Jean-Pierre Lebrun
