Passion des Origines. Réalité psychique, réalité sociale

Lina Balestriere s’est passionnée pour les origines de la vie psychique dans un profond attachement à Freud et avec le désir de prolonger les découvertes freudiennes avec ceux et celles qui continuent de les élaborer.

Ainsi avait-elle invité Julia Kristeva à venir donner une conférence à Bruxelles sans que le projet n’ait pu aboutir. Aujourd’hui, nous sommes heureux de l’honorer par la présence de cette chercheuse in- lassable qui essaie « de redonner à l’érotisme maternel sa complexité biopsychique, pour le bien-être de l’enfant non moins qu’au bénéfice de l’émancipation de la femme, dans et par le maternel aussi ».

Quel dialogue pourra s’instaurer entre la passion de Lina Balestriere pour le vivant affecté par la rencontre et celle de Julia Kristeva pour l’érotisme maternel qui « maintient l’urgence de la vie jusqu’aux li- mites de la vie » qu’elle appelle « la reliance » ?

Soucieuse d’exactitude métapsychologique, toujours en recherche de « ce qui est opérant » dans le travail clinique, Lina Balestriere s’est laissée affecter par la rencontre des plus entravés dans leur fonction- nement psychique. Le centre de ses préoccupations était le caractère relationnel complexe à l’origine de toute vie psychique et ce, jusque dans ses manifestations les plus actuelles de retrait, de souffrance, de combat, au cœur du tissu social qui fait la condition humaine. Avec la conviction que la clinique la plus actuelle porte en elle l’écho du plus archaïque, elle a déployé la complexité du pluriel des origines psy- chiques, avec ses potentialités et ses aliénations, selon les trois axes du maternel, paternel et personnel.

Comment ne pas entrer dans cette journée, habités par ce que Lina Balestriere nous a laissé de la qualité de ses contacts, écrits, engage- ments dans la pratique, sollicitations à pâtir de nous-mêmes et des autres ? Et vivre les échanges avec Julia Kristeva et entre nous dans le mouvement qui lui tenait à cœur et que traduit le mot latin origo : jaillissement, source ? N’a-t-elle pas repris ce mot comme une invita- tion à l’actualiser dans la réalité sociale complexe où le lien à l’autre s’opère suivant les trois foyers qui fondent l’acte d’exister, dans l’inti- tulé d’une de ses dernières rencontres de travail : « L’actualité vivante des origines » ?