Itinéraires de risque. Les conduites à risque dans les parcours d'immigration"

~~Cette matinée interrogera les différents sens des conduites à risque dans les parcours d’immigration et notamment ce qu'il en est pour les adolescents. Pour engager le débat, je présenterai les principaux résultats d’une enquête de terrain auprès de migrants récemment arrivés et de familles immigrées de longue date, vivant dans des quartiers populaires à forte densité immigrée. En se racontant, hommes et femmes, jeunes et parents sortent collectivement du silence. Ils relatent le « travail de l’exil » et les logiques métisses qu’ils déploient, d’épreuve en épreuve. Ils livrent leurs réflexions et leurs ressentis, font part de leurs questionnements et incertitudes. Au cœur de leurs vies, les « trous de mémoire » des familles et les « blancs » de l’histoire des migrations se conjuguent aux non-dits actuels de la société d’accueil. L’écart entre les valeurs du pays d’accueil et les vécus, entre ce qui est dit et ce qui est fait aux personnes, interroge notre modèle d’intégration.
Parmi ces personnes, nombreuses sont celles qui vivent une triple rupture : avec leur passé (quand il ne leur est pas transmis), avec leur langue et leurs cultures d’origine (quand celles-ci sont censées disparaître) et avec la réussite sociale dans le pays d’accueil (quand elles se sentent mises au ban). La plupart d’entre elles ont connu la grande précarité et parfois différentes formes de violence, liées aux histoires personnelles, mais aussi aux problèmes de séjour, à des emboîtements de domination de classe, de race et de genre. Si ces parcours et ces conditions de vie ne peuvent en aucun cas être généralisés à l’ensemble des groupes de migrants et de familles immigrées, ils montrent cependant, en effet loupe, les tensions sociales, les souffrances de l’exil, les impasses du métissage quand prévalent l’aveuglement, le mutisme et les relégations.