Il n'empêche, le père et la mère qu'ils sont aussi se découvrent démunis. Car eux qui se croyaient parents à jamais voient ce point discuté, contesté. Il leur faudra sans doute prouver leur qualités de "bon" père, de "bonne" mère. Il leur faudra négocier, marchander entre eux, ex-conjoints, et avec la justice. Il leur faudra peut-être séduire leur enfant pour l'avoir de leur côté. Et puis, angoisse terrible, que leur réserve demain? Incertitudes, inquiétudes… Quand le couple s'écroule, que reste-t-il? Comment continuer à être parents à deux en vivant séparément? Comment réorganiser le lien parental sans le lien conjugal? L'histoire du couple et celle de chaque parent avec son enfant se démarquent pour ne plus se confondre.
Jadis, lors de la séparation du couple, un des parents, investi de l'autorité parentale, devançait l'autre parent en "pointillé". Aujourd'hui, qui nierait à un enfant son droit à conserver ses deux parents, quelle que soit leur situation conjugale? En Belgique, la législation est claire: l'autorité parentale est exercée conjointement par le père et la mère, qu'ils vivent ensemble ou non, qu'ils soient mariés ou pas. Le couple parental peut donc survivre au couple conjugal? Cette idée nous apaise mais elle n'est pas facile à réaliser. Qui dit que les parents une fois séparés agiront avec le même enthousiasme, le même élan? Maintenant que chacun à sa vie, sa maison, ses préoccupations, sa nouvelle famille aussi parfois, chacun construit - légitimement - son nouveau mode de vie, son code d'éducation. Bien sûr, beaucoup de parents séparés continuent à prendre des décisions concernant leurs petits ensemble. Mais avec souvent davantage de heurts: à quelle heure mettre les enfants au lit? La télévision est-elle plus accessible? L'enfant devra alors aller d'un code à l'autre, en apprenant à les respecter… C'est peut-être aussi cela, grandir?
