Première séance du séminaire "Cliniques de la création" 2012-2013 sur le thème "Expressions de la folie, dans les arts et la culture"
Stanislas RODANSKI
Poète né et mort à Lyon (1927-1981)
Météore du surréalisme dont l’œuvre bien que célébrée par Julien Gracq et reconnue par les poètes contemporains reste confidentielle et pour une part encore inédite.
Sa vie se découpe en deux périodes d’égale durée :
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27 ans d’une vie chaotique, faite de déchirements existentiels, d’une dérive onirique émaillée d’arrestations et d’internements. Et la volonté de folie que par provocation, il affiche dès ses premiers textes est une manière de conjurer la hantise d’un effondrement qu’il pressent inéluctable. La lecture et l’écriture sont à la fois ses remèdes et ses poisons.
Il reprend et détourne certaines représentations littéraires de la folie, s’imagine chef de bord de la Nef des fous, s’essaie à la folie feinte de Tristan et de Lancelot, rivalise avec Maldoror, se découvre dans celle bien réelle de Nerval ou de Nadja. Reprenant à son compte la célébration surréaliste de la folie, il se livre à tous les dérèglements, pratique l’insomnie avec méthode, essaie toutes les drogues pour estomper la limite entre le rêve et la réalité et échapper à une lancinante détresse. Son écriture emprunte simultanément à tous les genres (poème, récit, journal, roman d’aventure, correspondance) et les subvertit tous en les télescopant, en risquant des rapprochés improbables, des carambolages narratifs qui provoquent d’éblouissantes étincelles. C’est ce qui lui confère son étrange modernité. S. Rodanski revendique haut et fort le plagiat déjà recommandé par Isidore Ducasse, pratique le collage de textes d’une façon qui le rapproche davantage du Cut up de William Burroughs que du collage surréaliste. Par cette manière furieusement échevelée d’écrire, « il ne s’agit pas, dira-t-il, de faire une œuvre, mais de faire acte de présence à moi-même ». Présence vacillante du poète qui se déploie en une constellation d’identités et de styles différents. -
A 27 ans, S. Rodanski se retire définitivement du commerce du monde en entrant à l’hôpital Saint Jean de Dieu à Lyon où il séjournera 27 ans jusqu’à son décès en 1981 à l’âge de 54 ans.
Envers silencieux d’une première vie chaotique, ce séjour hors du temps dans la crypte amniotique de l’asile, est marqué par l’écriture d’une centaine de carnets qui déroulent une litanie métamorphique sans commencement ni fin qu’il appellera « sa doctrine » comme pour la distinguer de ce qui précédemment avait fait et continue de faire œuvre.
Deux ans avant sa mort, il sortira de son silence en acceptant de participer au film Horizon Perdu dont il fournira le titre et la matière.
Horizon Perdu ou la quête d’une œuvre introuvable et véritable poème de la Folie.
Ce film (38’) sera projeté à l’occasion de cette rencontre.
Bernard CADOUX
Psychologue clinicien, Psychodramatiste, Animateur d’atelier d’écriture.
Gratuit pour étudiants et doctorants
PAF 10 euros
