Un entretien avec Françoise Hoornaert (04:07), psychologue clinicienne, coordinatrice de l’équipe SOS Parents-Enfants de Tournai.
Comprendre qu’un parent puisse abuser de son enfant et agir un acte incestueux questionne de manière universelle tout en mettant cette interrogation à distance, tant elle est effractante pour chacun d’entre nous. La penser nous oblige à ce détour par la compréhension des mécanismes mobilisés par le devenir parent.
Les relations affectives y sont empreintes d'un imaginaire qui peut être sexualisé mais qui reste contenu par le social, les interdits fondamentaux intégrés au gré de notre propre histoire.
Car, le tout-petit a besoin qu'on soit tout entier focalisé sur lui, "fou de lui", ce qui engage une disponibilité totale de l’adulte qui peu à peu le laisse grandir. Petit à petit un détachement doit s'opérer car le bébé devient un autre à qui il nous revient de faire découvrir le monde. Dans cette relation, on dit des choses qu'on ne fait pas, on pense des choses qu'on ne dit pas et il existe des choses qu'on imagine mais qu'on ne fait pas. Selon nos fragilités propres, induites par nos modèles, les interactions qu'on a nous-même connues petit..., il est nécessaire qu'on se positionne, qu'on pense ces questions et qu'on puisse s'ouvrir à un autre si cela s'avère nécessaire, et nos pensées doivent pouvoir être entendues.
Au fur et à mesure que l'enfant grandit, il a besoin de construire son intimité : le laisser se laver seul, aller aux toilettes seul, ne plus lui faire de câlins si il n'en a plus envie... C'est à l'adulte d'être garant des limites et de poser un cadre aux interactions.