Un entretien avec Abdessalem Yahyaoui (06:56), docteur en psychopathologie et psychologie clinique, enseignant/chercheur à l’Université de Savoie et Directeur de recherche à Grenoble.
L'adolescence est une construction sociale, culturelle. Dans les sociétés occidentales, elle dure plusieurs années et constitue un passage entre l'enfance et l'âge adulte. Dans d'autres cultures en revanche, celle-ci ne dure que quelques heures (le temps d'un rituel) voire quelques mois et transforme l'enfant en adulte qui acquiert, entre autres, des responsabilités vis-à-vis de ses parents.
Lorsque des parents immigrés élèvent leurs enfants ici, ces derniers adoptent les comportements, les besoins de la culture d'accueil et souvent, vivent une crise d'adolescence avec tout ce que cela comporte : rébellion, opposition... Pour leurs parents, ces comportements sont difficilement acceptables et ne correspondent en rien à leur propre vécu. Face aux comportements de rébellion, ils peuvent se trouver démunis et adopter des comportements violents.
Face aux professionnels qui tentent d'expliquer le processus adolescentaire, qui s'étend généralement sur plusieurs années, les parents diront qu'eux à 5 ans, ils travaillaient déjà, qu'à 14 ans, ils s'apprêtaient à devenir parents... et donc que leur propre enfant passe 4-5-6 ans à traverser une crise existentielle, qu'il refuse de les aider au quotidien...est inentendable. Cela peut véritablement mener à une déconnexion, un gel de la parentalité.
Cet entretien a été tourné en marge de la journée d'étude intitulée « La parentalité en contexte de vulnérabilité psycho-sociale – La transmission familiale en contexte interculturel » organisée à Schaarbeek en octobre 2015 à l'occasion du 30ème anniversaire du COPRES (Collectif de prévention de la souffrance infantile) par le centre de planning familial Groupe Santé Josaphat, le COPRES et la Fédération Laïque de Centres de Planning Familial (FLCPF).