Un entretien avec Jean Van Hemelrijck (06:34), psychologue, dans le contexte du Covid-19.
Quand le politique clive le monde social en deux catégories - les essentielles et les non essentielles - il fait preuve d'une violence inouïe. Dans la catégorie essentielle, n'apparaissent que l'alimentaire et le médicament, comme si l'être humain se réduisait à cette simple fonction d'alimentation. L'être humain est un transformateur qui sublime la matière première et crée ce dont il a besoin : art culiniaire, la mode, la culture... Il se construit, se vit, se sent reconnu au travers du regard des autres, en ce compris celui de son coiffeur...
Toutes ces fonctions sont essentielles car elles constituent des manières de se réapproprier son corps.
A la naissance, en donnant un prénom à l'enfant, en cherchant les ressemblances... on transforme, on symbolise son corps et tout au long de la vie, on va en transcender les fonctions purement mécaniques.
En tant qu'être humains nous sommes mus par l'amour et le désir. C'est lui qui nous met en mouvement, nous fait nous sentir vivant, nous pousse à nous dépasser, à avoir envie.
Le covid et le confinement viennent empêcher de déployer ces mouvements. Comment maintenir la séduction, le désir, comment s'éloigner sans se perdre quand les couples passent 100% de leur temps ensemble ?
Enjeu essentiel aussi pour le corps social. Il est donc urgent de réhabiliter tous les métiers, de leur redonner toute leur place, leur importance, leur légitimité pour que chaque être humain puisse se sentir à nouveau fier, reconnu à sa juste valeur et qu'il retrouve une place.