" Penser l’environnement amène à penser bien au-delà de la famille nucléaire et de ses éventuelles défaillances. Un parent défaillant, négligent voire maltraitant n’est pas nécessairement un « mauvais » parent, ni un pervers. Il peut se trouver en difficulté en raison de sa propre histoire ou d’événements relatifs à sa vie actuelle ; une perte d’emploi, par exemple. De plus, rien n’est inéluctable, la croyance « enfant maltraité, parent maltraitants » est une ineptie. Il est extrêmement touchant de voir, en consultation, comment des parents se débattent pour sortir du cercle infernal de la répétition de génération en génération.
De la même manière qu’un enfant se développe d’autant mieux qu’il ressentira un amour inconditionnel (y compris dans la sanction), l’adulte devient parent s’il peut expérimenter une solidarité de base, surtout quand il est mal assuré. D’où l’importance de considérer le parent « maltraitant » comme quelqu’un qui nous ressemble. Dans des situations similaires, nous aurions pu également être défaillants ; il nécessite donc aide et solidarité avant répression (quelquefois nécessaire, ne nous voilons pas la face).
Mais l’intervenant se trouve parfois très démuni : la temporalité du développement de l’enfant ne permet pas d’attendre la maturation parentale. Comment alors venir en aide à l’enfant ? Ici encore, le fait d’être dans un environnement solidaire, de pouvoir compter sur la famille élargie, une amie, un voisin… peut faire toute la différence. Il est des rencontres lumineuses qui changent la vie ; grâce à une famille d’accueil par exemple.
On voit pourquoi il est essentiel que la prévention de la maltraitance soit fondée sur la solidarité et non le soupçon."
Extrait du livre Temps d'arrêt "Prévenir la maltraitance" de Vincent Magos, p. 12-13.