L’attention d’une équipe

[...]Tolérance ou intolérance, nous portons en nous cette double attitude. L’attention à l’autre cultive le besoin de tolérance inhérent à notre vie en communauté. L’empathie ne serait pas le propre de l’homme, mais si elle a pris tant d’importance chez nous, c’est grâce aussi à ce que, génération après génération, les Hommes ont appris à réaliser. Dans cette «  attention à l’autre  » nous ne sommes ainsi pas seuls. 

Nos institutions, nos équipes concourent également à ce même but. Nous avons créé des États qui devraient nous apporter la sécurité et la paix, des institutions pour subvenir à nos besoins primordiaux, une justice pour tempérer nos débordements, des règles pour ajuster nos échanges commerciaux, défendre la qualité de notre environnement… Nous ne sommes pas seuls.

Mais, nous ne sommes pas seuls non plus à résister à ce nécessaire travail psychique. Nous nous laissons parfois emporter, développant emprise ou domination sur l’autre. La «  pensée sauvage  » est toujours là et le travail d’équipe est incontournable pour éviter que dominent ces forces de déliaison. La raison est parfois bien impuissante à les calmer et l’attention à l’autre vient alors se déployer dans cet interstice. Le travail d’équipe reste ainsi central. Le soignant ne peut rien s’il est seul. L’équipe ne peut être un lieu d’application de « prescriptions », déserté par la pensée et le partage des expériences. L’attention à l’autre passe par un sens à trouver, une position éthique qui suppose, ne serait-ce qu’un bref instant, de lever toute certitude envers l’autre. Confiance et sécurité sont aussi des valeurs groupales nécessaires pour avancer dans cette voie. [ ...]

In Denis Mellier, "L'attention à l'autre", Temps d'arrêt PP 57-58, juin 2018

 

Share

 Imprimer la page