La parentalité, c’est le partage de l’enfant

L’intercession du tiers dans le rapport du parent à l’enfant, voilà donc l’enjeu de la fonction parentale en tant qu’elle risque d’être mise à mal dans un contexte de confinement c’est-à-dire de repli de la famille sur elle-même, c’est-à-dire des parents sur leur enfant. En effet, la parentalité repose tout au contraire sur l’ouverture du lien parent/enfant sur l’extérieur. C’est ce dont témoignent les parents qui, faute de relais extérieurs au cercle familial, souffrent du poids d’une proximité excessive et d’une responsabilité trop grande. Tout se passe comme si l’enjeu de l’éducation de l’enfant et, plus généralement de la qualité de la relation à l’enfant, n’étaient qu’à la seule charge du parent qui s’en occupe. Pas d’échappatoire c’est-à-dire pas de partage. Si le renforcement de la prééminence du parent dans l’éducation ou dans la relation peut satisfaire certains, elle ne satisfait pas tous et certainement pas les enfants. Aussi l’ouverture à l’autre – dans le couple mais beaucoup plus largement dans le voisinage et, in fine, dans la société – est une ressource nécessaire à la mise en œuvre de la parentalité. Il faut «  qu’un autre s’en mêle ! » pourrait-on résumer. Mais pas sans condition. Le souci de cohérence, comme elle s’avère nécessaire, entre les parents et l’école demeure un impératif majeur qui seul viendra parer aux risques de concurrence voire d’exclusion toujours possible dans toute relation.

In Daniel Coum, Faire Famille au temps du confinement …et en sortir, P47, mai 2020, Temps d’arrêt

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