L’école occupe une place centrale comme instance soutenant le passage de l’adolescence.
De manière générale, l’école est la règle. L’école buissonnière, nommée à l’origine tout simplement « la buissonnière », est une école clandestine se tenant en plein champ.
L’école buissonnière peut se concevoir comme la marque d’une position subjective prise par un jeune. Cette appellation est supplantée actuellement par deux autres notions : celle du décrochage scolaire qui révèle plutôt une panne du jeune dans le domaine du social et celle du refus scolaire anxieux qui, au travers de manifestions parfois très corporelles, témoigne d’une anxiété menant à une sidération empêchant la fréquentation de l’école. Les professionnels œuvrant dans le champ de la jeunesse et de l’adolescence savent qu’auprès de beaucoup de jeunes désarrimés d’avec l’école, l’objectif initial n’est pas qu’ils soient à l’école, mais plutôt qu’ils trouvent un chemin vers elle.
L’enjeu est qu’un lien entre l’école, y compris les alternatives à celle-ci (centre de jour, service d’accrochage scolaire, projet citoyen mené en collectif ou à l’étranger…), et les adolescents puisse se nouer afin que ces derniers puissent trouver des points d’appui au sein de ces instances sociales. Certains jeunes parviennent à s’énoncer dans leur décrochage scolaire, nommant les pannes rencontrées dans le système scolaire, les écueils ressentis dans la construction de liens aux pairs (comme l’illustrent les cas de harcèlement scolaire) et leur achoppement à se séparer de leur foyer familial. D’autres jeunes subissent ce décrochage dans un impossible à dire, ce qui cause leur panne et leur immobilisme.
In Mairy A., "Adolescence en temps de covid-19 entre crise-passion et crispation", yapaka, 2020.