"Dès que j’ai annoncé à ma mère que j’étais enceinte, elle ne m’a plus lâchée d’une semelle. Et depuis que j’ai accouché, c’est pire encore. Elle passe à la maison tous les jours pour vérifier que Loïc et moi, nous nous portons bien. Elle en profite pour faire le ménage ou préparer le repas. Même si ses gestes relèvent d’une bonne intention, je n’en peux plus. J’étouffe".
Beaucoup de jeunes papas et mamans ont l’impression que leurs parents ou leurs beaux-parents s’impliquent trop dans leur vie et celle de leur(s) petit(s). Ils se plaignent que papy et mamie sont envahissants. Ou qu’ils les culpabilisent de ne pas voir assez souvent leurs petits amours. Certains râlent également de voir leurs parents jouer aux grands-parents exemplaires alors qu’ils s’étaient montrés de piètres parents, absents, froids ou hyper-sévères: se rachètent-ils une conscience ou tâchent-ils de ne pas manquer ce qu’ils ont précédemment raté? Certains jeunes parents reprochent, aussi, aux mamies surtout, de les noyer sous les conseils ou les critiques alors qu’ils ont davantage besoin d’écoute, de présence et de soutien que de jugements et de directives.
Parler pour résoudre les tensions
Quand la relation familiale irrite ou attriste, pourquoi ne pas mettre les choses à plat et en discuter sereinement? Les conflits ne se règlent jamais par des non-dits. Au contraire, plus le temps passe, plus la situation risque de s’envenimer. Mieux vaut donc communiquer: faire comprendre en douceur aux grands-parents que leur comportement est vécu comme abusif. On a le droit de poser des limites et de se faire respecter en tant que parent… par ses parents. C’est même la base d’une relation saine.
Ensemble, on peut trouver des solutions pour que la relation fonctionne mieux. Parents et grands-parents peuvent, par exemple, se mettre d’accord au sujet de l’éducation des petits. Ils peuvent décider que papy et mamy ne s’en mêlent pas sauf s’ils sont convaincus que se taire pourrait nuire à l’enfant. Et si ça arrive, ils veilleront à formuler leur avis sous forme de remarque et pas de critique. Ainsi, bonne-maman dira, par exemple, à sa belle-fille: "Tu n’as pas l’impression que Nathan a mal a la gorge?" plutôt que "Comment se fait-il que tu ne l’as pas encore emmené chez le docteur?".
Attention aux malentendus!
Autre source de tensions: dans certaines familles, les parents trouvent que papy et mamie ne s’investissent pas suffisamment dans leur rôle de grands-parents. Encore une fois, seule la communication pourra désamorcer le conflit... qui repose parfois sur un bête malentendu. Il arrive, en effet, que les jeunes parents croient que leurs père et mère se fichent complètement de leur rejeton car ils ne prennent jamais de ses nouvelles. Alors que ceux-ci en meurent d’envie mais, par peur de déranger leurs enfants, ils préfèrent rester en retrait n’attendant qu’un signe de leur part pour témoigner leur affection.
Par ailleurs, aujourd’hui, de nombreux seniors mènent encore une vie très active lorsqu’ils deviennent grands-parents. Ils travaillent, fréquentent leurs amis, pratiquent un hobby et de ce fait, ne disposent pas toujours de beaucoup de temps pour garder les petits. Les jeunes parents prennent parfois ombrage de ce manque de disponibilité. D’autant plus si les grands-parents sont retraités. Mais ils oublient que s’occuper de petits bouts réclame beaucoup d’énergie. Une vitalité que papy et mamie ne peuvent pas multiplier à l’infini et conscients de leurs limites, ils préfèrent espacer ou écourter les visites. Comme les parents, les grands-parents ont aussi le droit de poser des limites sans que l’amour qu’ils portent à leur(s) petit(s) enfant(s) ne soit, pour autant, remis en cause.
L’enfant a besoin de ses aïeux
En résumé, lorsqu’on a le sentiment que les grands-parents s’occupent trop ou pas assez des petits-enfants, mieux vaut dialoguer, avec cœur et diplomatie, pour comprendre ce qui motive chacun et tenter de trouver un compromis acceptable pour tous. L’enfant ne doit jamais être l’enjeu du conflit. Au contraire, il faut toujours rester attentif à ce dont il a besoin. Un petit a d’autant plus de chances de grandir sereinement s’il est entouré par un chaleureux réseau. Papy et mamy jouent un rôle important dans son épanouissement. Ils lui transmettent une série de choses, ils prennent le temps de discuter avec lui de tout ce qui a fait le passé et construit l’avenir. Ils lui permettent, notamment, de s’enraciner dans l’histoire familiale mais aussi dans la vie, au sens large.