Un entretien avec Angélique Gozlan (04:07), psychologue clinicienne, dans le contexte du Covid-19.
Une des premières raisons est la présence, quasi sans limite, des adolescents sur les réseaux sociaux. En effet, l'école se faisant en partie via les écrans, elle ne permet plus d"en limiter leur temps comme cela se fait habituellement (en cours, pas de smartphone).
Un autre élément est celui de la désintimité, c'est-à-dire le fait que les adolescents postent de plus en plus des bouts d'eux-mêmes (vidéos, selfies...). Plus ces morceaux d'intimité sont exposés, moins ils leur appartiennent, et plus ils les exposent au jugement des autres.
Enfin, la crise sanitaire et toutes les mesures de distanciation sociale qu'elle impose est particulièrement difficile à vivre pour les adolescents qui, à cet âge, ont plus que jamais besoin d'aller vers l'extérieur, de socialiser, de se "délier" de leur famille. Cela peut générer chez certains des sentiments de colère, frustration, haine... qui ne peuvent être déchargés dans des lieux extérieurs. Dès lors, les réseaux sociaux deviennent les lieux de décharge de toute leur pulsionnalité. L'autre n'est plus un autre, l'altérité disparait, mais il devient juste un réceptacle de toute cette agressivité interne.