[Livre] Engagement, décision et acte dans le travail avec les familles

Numéro de collection: 
10

Ce temps d’arrêt présente les interventions de Yves Cartuyvels, juriste et criminologue, Françoise Collin, philosophe, Jean de Munck, philosophe et sociologue, Jean Paul Mugnier, psychothérapeute, Marie-Jean Sauret, psychanalyste, Jean Pierre Lebrun psychiatre et psychanalyste réunis pour une journée d’étude tenue à Namur le 18 septembre 2004 autour des questions suivantes : 

Le monde contemporain veut savoir pour pouvoir décider. Le renvoi à l’expert est quotidien. Et même en dehors de sa référence, les connaissances et le savoir sont érigés comme guide obligés de toute décision.
Pourtant, savoir ne suffit pas car vient toujours le moment où il s’agit de trancher. Et donc de supporter de ne pas tout savoir !
Assumer ce moment d’incertitude est d’autant plus difficile que l’Imaginaire social laisse entendre qu’il pourrait être possible de savoir davantage, et donc d’être mieux à même de décider.
Il est, de ce fait, tentant de postposer l’acte de décider. Avec, par exemple, l’alibi de ne pas assez savoir. Ou de se contenter de gérer, c’est à dire d’éviter de décider. Au moins alors, s’éloigne le risque de se tromper.
Décider suppose un choix, mais choisir suppose de renoncer à ce qui n’est pas choisi et cette perte est irréductible. Décider implique également prendre position, engager quelque chose de soi même vis à vis de l’autre, clarifier sa propre cohérence de penser… au risque de se tromper.
Au jour le jour, autant les familles que les intervenants sociaux qui les accompagnent font l’épreuve de ces impasses ; spontanément, ils tentent de tenir une position dans laquelle il serait toujours possible d’être sujet d’un engagement, d’une décision, d’un acte ; mais dans le même mouvement, ils sont amenés à craindre l’erreur, à demander des avis complémentaires, à renvoyer vers une autre structure, à multiplier les intervenants et par là, à diluer sans le vouloir les responsabilités et les engagements que chacun peut prendre à la place singulière qu’il occupe auprès des familles. 
Au cours de cette journée, il sera question de la relation, espace où se déploient l’engagement, la décision et l’acte. Comment au cœur de celui-ci éviter le passage à l’acte, l’agitation ou le bougisme, mais aussi rester à distance de la gestion, de la raison administrative, de l’organisation managgeriale, tracer la structure de l’acte en assumant ses paradoxes : dans la solitude, mais avec les autres.
Telles sont les questions que cette journée tentera de soutenir, sans récuser d’avance les réponses mais sans non plus nous attendre aux recettes. Gageons qu’elles sont d’autant plus importantes qu’elles concernent le travail avec des familles en désarroi 

 

SOMMAIRE

Engagement, décision et acte Jean-Pierre Lebrun

Intervention en réseau et gestion des risques: les paradoxes de la (dé)responsabilisation Yves Cartuyvels

Une décision est prise Françoise Collin
La décision n'est jamais la simple conclusion d'un raisonnement ou d'un dialogue:c'est aussi un acte,  une prise de risque, assumant la perte. Faire  naître  est sans garantie.

Je sais que tu sais que je sais… Quand ce qui est su doit être dit Jean-Paul Mugnier
Je sais que tu sais que je sais...
Du savoir partagé à la décision de signaler".
Bien souvent l'absence de demande semble caractériser le travail avec les familles socialement déviantes. En réalité les parents font part de leur malaise à travers des négligences, des carences visibles, imposées aux enfants.
Symptômes connus de tous, ils sont porteurs d'une question adressée aux différents professionnels (enseignants, intervenants du champ médico-social) : Maintenant que vous savez, qu'allez-vous faire ?

 

Le salut de l’homme est dans le choix Marie-Jean Sauret
Pour une part le sujet se soutient de son rapport au savoir : toujours indisponible. L'appel au savoir est donc appel à un complément d'être! Pour une autre part le même sujet ne peut que faire avec ce manque de savoir dès qu'il parle: et il parle... Nous sommes tous des acteurs de la parole ainsi divisés. Nous la fétichisons, nous la redoutons. Nous oublions ce qu'elle implique de prise de position, de choix, de risque - et d'appui sur les autres : autant dire, d'engagement, de décision, d'acte - et de lien social. Quels enseignements pour nos pratiques ?

Des pathologies de l’engagement aux impasses de la modernité Jean De Munck
Le champ judiciaire est aujourd’hui investi par de nouveaux modes de régulation, faisant appel au partenariat et au contrat, dans un contexte dominé par la question du risque et du contrôle des populations (à risques). Cette évolution entraîne un déplacement paradoxal sur le plan de la responsabilité : d’une part, on assiste à une tentation de déresponsabilisation dans le chef des acteurs en position de décider et de trancher (syndromes de la "patate chaude" ou du "coup du parapluie") ; d’autre part, les processus mettent l’accent sur l’autonomisation et la responsabilisation des sujets appelés à assumer les solutions qui leur sont "proposées". Ce déplacement traduit un certain nombre de mutations de notre conception du sujet et de l’action. 

 

Bibliographie

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