Certains enfants bougent plus que les autres, sont plus turbulents, distraits, impulsifs. Pour parler de ces enfants, les professionnels parlent parfois d’enfants TDA-H (anciennement hyperactifs, hyperkynétiques). Que veut dire ce terme de plus en plus fréquent dans les médias, les écoles…?
Les professionnels parlent de TDA-H quand une combinaison de symptômes est présente : impulsivité, troubles de l’attention (distractibilité élevée, attention peu soutenue) et une agitation jugée excessive. Toutes ces manifestations, présentes quel que soit l’environnement (école, maison, loisirs), gênent les enfants dans leur vie quotidienne, à l'école et avec les autres. Mais pour poser le diagnostique TDA-H, une évaluation multidisciplinaire approfondie est nécessaire.
Qu’observe-t-on au niveau du cerveau ?
Si, des recherches ont montré que, chez certains enfants diagnostiqués, des zones de leur cerveau fonctionnaient un peu différemment, la biologie n’explique pas à elle seule leurs difficultés. En effet, on sait aujourd’hui que le biologique et l’environnement sont en étroite interaction. Cela signifie que le développement de notre cerveau est influencé par nos expériences, notre hygiène de vie (alimentation, sommeil, exercice physique), nos relations... Le biologique, le social et le psychologique s’influencent mutuellement, sont constamment en interaction.
Le TDA-H fait débat parmi les professionnels de l’enfance.
Certains affirment qu’il est très commun chez les enfants (il toucherait 3 à 5% d’entre eux) tout comme chez les adultes. Ils soutiennent que l’origine de cette maladie est purement biologique et peut donc être traitée exclusivement par des médicaments.
D'autres parlent de TDA-H mais se montrent prudent quant à son utilisation : selon eux, ce trouble ne touche qu’une très petite minorité des enfants qu'ils voient en consultation. Pour les autres enfants jugés plus agités que la moyenne, ils parlent d’instabilité motrice. L’agitation, la distraction, l’impulsivité étant le plus souvent des manifestations d’une souffrance psychique.
Ce tyoe de médicament réduit l’agitation, améliore la concentration, voire les résultats scolaires des enfants. Tout à coup, ils deviennent bien sages, plus attentifs et leurs résultats scolaires s’améliorent parfois. Et en plus d'être un peu magique, cette solution est très peu chère, puisque la mutuelle rembourse ce type de traitement.
Mais qu’en est-il de la souffrance qui sous tend les comportements difficiles ? Tout ce que l'enfant exprime à travers ces comportements difficiles est occulté, tu. Une fois la médication arrêtée, tout redeviendra probablement comme avant si les souffrances n’ont pas été écoutées. Sans oublier qu'un tel traitement enferme l'enfant dans un diagnostique, au risque que l'enfant se déresponsabilise de ses comportements: "ce n'est pas de ma faute, c'est à cause du TDA-H". De plus, leurs effets étant limités dans le temps (3 à 4h), les symptômes peuvent s’amplifier entre deux prises.
Comment ça marche ?
Ces médicaments classés parmi les psychotropes et utilisés initialement comme psycho-stimulants (contre la fatigue, comme coupe-faim...), agissent en modifiant la chimie du cerveau.
Entre deux neurones, l’un émetteur et l’autre récepteur, il y a la fente synaptique. C’est à cet endroit que l’influx nerveux est transformé en message chimique, ce qui permet un passage correct de l’information. La transformation du message électrique en message chimique se fait grâce aux neurotransmetteurs, la dopamine, la noradrénaline et la sérotonine. Chez les patients TDA-H, il semble qu’il y ait insuffisance des deux premiers, ce qui rend la communication entre neurones moins efficace. La spécificité de la rilatine est qu’elle augmente leur concentration dans la fente synaptique, et améliore ainsi la connexion neuronale. Encore une fois, s'il existe des particularités neuronales chez les patients TDA-H, n’oublions pas que la chimie de notre cerveau est influencée par nos expériences, notre hygiène de vie, nos ressentis,…
L’utilisation de ce type de médicament pose question. Que cela soit pour calmer un enfant trop agité aux dires de son enseignant, pour améliorer des résultats scolaires, ou pour ‘aider’ un enfant ayant un penchant à la rêverie, la médication n’est certainement pas le remède.
Entre 2007 et 2011, le nombre d'enfants sous rilatine a augmenté de 33% ; cette inflation inquiète bon nombre de professionnels de l'enfance. Ils attirent l'attention sur les bénéfices tirés par l'industrie pharmaceutique dans cette hausse de prescriptions.
Les professionnels attirent également l’attention sur les effets secondaires à court et à long terme de ce type de médicament. A court terme, on observe régulièrement des pertes d’appétit, des troubles du sommeil, voire de la croissance, parfois même des troubles cardiaques. Avant de prescrire ce type de traitement, les pathologies médicales passées ou actuelles devraient d’ailleurs toujours être questionnées (épilepsie ? problèmes cardiaques ?…). En effet, si l’enfant souffre de certaines pathologies, la prise d’un psychotrope peut entraîner des complications sévères. Concernant les risques à long terme, difficile d’avoir des informations claires et transparentes. En effet, la plupart des recherches menées sur ce sujet sont financées ou menées par des chercheurs qui entretiennent un lien étroit avec ces mêmes firmes pharmaceutiques.
Tant qu’on ne connaît pas précisément les conséquences sur le cerveau en construction de l’enfant, ne devrait-on pas proposer le remboursement d’une prise en charge thérapeutique plutôt que pharmaceutique ? Autant ne pas s'engager sur la même pente qu'aux USA où 10% des garçons de 12 ans sont sous rilatine, des parents se sont vus contraints de donner ces médications à leur enfant sous peine d'exclusion scolaire,…
Ce type de médicaments ne devrait être prescrit qu’après une évaluation approfondie, devrait toujours s’accompagner d’une prise en charge globale (psychologue, psychomotricien, logopède...) et être très limités dans le temps. Ils offrent temporairement, dans certaines situations particulières, un apaisement à l'enfant et lui permet de bénéficier plus pleinement des autres prises en charge. En tout les cas, leur utlisation doit toujours être questionnée, évaluée et très régulièrement être réévaluée pour juger de leur nécessité.
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