Le champ de la protection de l’enfance et de la jeunesse offre un terrain privilégié aux paniques morales : un « fait divers » embrase l’opinion publique, suscite l’effroi, provoque l’indignation collective au nom de la norme en vigueur, pointe le coupable idéal, avant de provoquer un nouvel agencement politique. Partant de l’exceptionnel, la panique morale n’est pas une émotion fugace, elle suscite une altération durable des représentations culturelles. Et des changements sociaux.
Au travers de quelques épisodes de « paniques morales » qui ont contribué à orienter les choix politiques en matière de protection de la jeunesse, ce livre documente l’évolution de la sensibilité sociale à l’égard des déviances sexuelles dont les jeunes sont victimes ou coupables depuis la fin du XIXe siècle. L’analyse porte sur les acteurs (justice, experts, intervenants sociaux, entrepreneurs de morale, média, victimes, accusés), et sur les étapes du processus allant de la constitution d’un problème social, au fil d’une émotion populaire, à la prise en charge politique de ce problème.
Cet ouvrage s'inscrit dans le projet d'Action de recherche concertée (financement de la Fédération Wallonie-Bruxelles) « Jeunesse et violence : approches socio-historiques », dirigé par Fabienne Brion, Jean-Michel Chaumont et Xavier Rousseaux, et coordonné par David Niget. L'objet de cette recherche est d'étudier dans la longue durée les conditions socio-politiques d'émergence de comportements et situations désignés comme violents, dont les jeunes seraient auteurs ou victimes.
Lire aussi : "Un regard historique sur les « croisades morales" carte blanche de Christine Machiels et David Niget, Le Soir, 2009