Cet ouvrage rappelle que l'adolescence constitue d'abord une réalité sociale, correspondant à un montage opéré par les sociétés occidentales. Elle n'est toutefois que la forme que vient prendre dans ces sociétés une problématique d'ordre général qui est la sortie de l'enfance. Dès lors, ce sont les processus que celle-ci recouvre qui doivent être interrogés. Leur mise en évidence permet d'être mieux armé pour faire face aux questions que l'adolescence provoque de nos jours dans nos sociétés.
L'adolescence, qui peut paraître de nos jours une réalité évidente, soulève en fait bien des questions. Les médias y reviennent régulièrement, mais les parents et les professionnels s'interrogent tout autant à son propos.
La littérature abonde sur les difficultés de l'adolescent. Peu de travaux s'intéressent toutefois à la question de son réel statut. Qu'en est-il en fin de compte de l'adolescence ? Elle n'est pas à confondre avec la puberté, même si celle-ci la conditionne physiologiquement. Doit-elle être comprise comme une phase naturelle du développement de l'homme, comme l'ont soutenu les psychologues psychogénéticiens ? Tout dément une telle approche de la question qui a pourtant longtemps prévalu au XXè siècle.
De quel point de vue l'adolescence existe-t-elle, en dehors du fait que le terme s'est peu à peu imposé dans nos sociétés depuis plus d'un siècle et demi ? Étudiée à travers plusieurs disciplines, l'adolescence constitue d'abord une réalité sociale ou, comme l'énoncent les sociologues, une « construction sociale ». Elle correspond, en d'autres termes, à un montage opéré par les sociétés occidentales à un moment donné de leur histoire. Elle n'a donc pas toujours existé et elle n'est pas observable dans toutes les sociétés.
L'adolescence n'est en fait que la forme de réponse apportée par nos sociétés à une question qui concerne toute communauté et qui est donc générale, celle de la sortie de l'enfance. Les sociétés qui pratiquent l'initiation insistent sur le fait qu'il faut « mourir à l'enfance » pour émerger au social. Mais les psychanalystes évoquent de même la nécessité d'un « meurtre de l'enfant » en nous. Le conflit interne à la personne qui s'ensuit ouvre à des processus qui définissent ce que l'on peut appeler « l'émergence à la personne ». Ce sont ces processus qui se trouvent ici interrogés. Leur explicitation fonde un recul qui permet d'être mieux armé pour faire face aux questions que l'adolescence provoque aujourd'hui dans nos sociétés.
SOMMAIRE
L’adolescence, une réalité sociale
- L’adolescence n’existe pas
- Une construction sociale
- Un concept psychologique
Mourir à l’enfance
- Les enseignements de l’ethnologie
- « On tue un enfant »
- Un conflit interne
L’émergence à la personne
- La contingence de l’être
- La recherche des origines
- L’appropriation
Conclusion
Bibliographie