Près de la moitié des enfants sont mordus au moins une fois pendant leur séjour à la crèche, surtout dans les groupes d'enfants de 13 à 30 mois.
Malgré cette fréquence élevée, il reste difficile pour une puéricultrice d'annoncer une morsure à un parent.
Pour un parent, c'est choquant de retrouver son enfant mordu, surtout au visage, tout comme il est pénible d'apprendre que son enfant mord les autres. Ni pour l'enfant mordeur, ni pour l'enfant mordu, cet incident n'est confortable.
Pourquoi les enfants mordent-ils ?
La bouche happe et tète le sein, la bouche mordille, la bouche mord... Avant de découvrir par les mains, c'est par la bouche que le bébé appréhende son univers.
Mordre par amour : La bouche embrasse... Bouche ouverte de l'adulte qui s'approche du bébé... Dans des moments de câlins entre un aîné et un bébé, il arrive que le bébé morde sa mère, son père, son frère, sa sœur... Ceux-ci, surpris, réagissent à la douleur et le bébé décontenancé ne comprend pas.
Mordre pour apaiser la douleur : Des gencives douloureuses, des dents qui apparaissent s'accompagnent d'un besoin de mordre ce qui est à portée de bouche : un hochet de dentition, la cuisse d'un copain de crèche, le bras d'une grande sœur. Tout est bon pour calmer ce mal inhabituel dans la bouche.
Mordre avant de pouvoir parler : Défendre son jouet, riposter à une provocation, se sentir menacé, vouloir attirer l'attention, être perturbé, tendu ou frustré... sans avoir les mots pour le dire. Comment s'exprime alors l'enfant dans sa deuxième année ? Il risque de le dire avec la bouche, certes, mais en mordant.
Que faire dans ce cas ?
Un jeune enfant peut mordre en famille mais, aussitôt, les aînés ripostent et mettent des limites.
A la crèche, dans un groupe d'enfants du même âge, les morsures sont plus fréquentes : les enfants doivent partager jouets, adultes, désirs similaires...
Ces enfants mordeurs ne sont pas méchants : simplement, ils ne peuvent pas maîtriser cette pulsion et ils n'ont pas conscience de la douleur infligée à l'autre.
Les enfants mordus sont trop jeunes pour poser des limites.
Ces morsures impulsives jaillissent sans crier gare et sont difficiles à éviter par l'adulte présent.
Cependant ces morsures, normales à cet âge, doivent être empêchées : c'est à l'adulte de mettre des mots sur le vécu du mordeur : « tu peux être fâché ou ne être pas d'accord avec lui... », d'interdire : « ...mais tu ne peux pas mordre », de préciser la conséquence de la morsure : « ça fait mal ». Il faut dire cela à l'enfant à l'instant de la morsure et veiller aussitôt à l'éloigner et à le distraire. Ne pas reparler de cet évènement avec lui et rester discret en sa présence afin qu'il ne soit pas tenté de recommencer pour susciter à nouveau toute l'agitation que sa morsure a générée.
La fermeté et la cohérence des adultes mais aussi la discrétion autour de l'épisode mettent fin aux morsures d'un enfant.