Le bébé est un être en construction. A la naissance, il est doté d’une capacité lui permettant de tisser des liens avec autrui. Car, « un bébé seul » n’existe pas. Il dépend de son entourage et particulièrement de la personne qui occupe la fonction maternelle dont l’attention relationnelle et la préoccupation psychique permettent de s’ajuster aux besoins de son bébé.
Pour une mère, un père fragilisés par un parcours de vie chaotique, créer un lien « suffisamment bon » avec le bébé s’avère être une épreuve douloureuse, difficile, parfois impossible.
Confronté à la défaillance parentale, le bébé fait l’expérience de soins inadaptés, source d’angoisse, d’insécurité et de désorganisation. Le bébé en bonne santé dispose de ressources pour lutter contre un environnement défavorable. Mais, celles-ci n’étant pas inépuisables, il peut développer des troubles fonctionnels, signes de sa souffrance psychique. Reconnaître ces signes pour soutenir le bébé et ses parents est d’autant plus complexe pour le professionnel que la souffrance du tout-petit le plonge parfois dans le déni.
Penser la souffrance psychique du bébé, c’est aussi penser des dispositifs de soins précoces tenant compte des différents partenaires de la relation.
Autant le développement psychique du bébé est intimement lié à son développement physique, autant il ne s’envisage que dans une dynamique interactionnelle et intersubjective avec son environnement. En naissant, il est doté d’une appétence symbolique lui permettant d’entrer en relation avec l’autre et même de le « provoquer » afin de poursuivre l’échange. Habituellement, « la préoccupation maternelle primaire », instaurée pendant la grossesse, habite la mère. Cet état psychique la prépare aux soins de maternage, l’aide à percevoir et décoder les messages de son bébé et à y répondre de manière ajustée.
Cependant, la présence du bébé en chair et en os peut parfois révéler ce qui est resté en souffrance chez le parent, ce qui se traduit par la difficulté voire l’impossibilité temporaire ou définitive ce créer un lien « suffisamment bon » pour le développement physique et psychique du bébé. Lors des soins de maternage, les interactions avec le bébé sont inadéquates et créent des dysfonctionnements relationnels graves. Le bébé se désorganise. Et même s’il dispose de ressources pour lutter contre un environnement défavorable, celles-ci ne sont pas inépuisables.
Si la défaillance parentale perdure sans qu’il n’y ait de soins thérapeutiques, le bébé s’épuise. Obligé à chercher des moyens de régulation propre, il plonge dans un état de détresse se manifestant par des troubles fonctionnels, signes de sa souffrance. En s’installant, ceux-ci interfèrent sur son développement psychique, entrainant des troubles cognitifs, langagiers, moteurs et comportementaux. Traités précocement dans un contexte de soin psychique permettant que la rencontre entre une mère et son bébé advienne, ils sont souvent réversibles. Penser la souffrance psychique du bébé, c’est la penser dans son lien à l’autre.
SOMMAIRE
Assises pour la construction psychique du bébé
- « Premier chapitre »
- Pour l’être humain, le symbolique prime sur le besoin
- La rencontre
- Et le père…
- Le corps du bébé, berceau de son psychisme
- Construction du monde interne du bébé
Les parents malades de leur enfance
- L’indisponibilité parentale à penser le bébé
- L’expérience du souffrir
- La vulnérabilité des mères
- Que disent les mères dela souffrance de leur bébé ?
- La souffrance psychique du bébé
- Que vit le bébé confronté à la défaillance parentale ?
- Manifestations de la souffrance psychique du bébé
- La souffrance psychique, encore faut-il la voir….
« La souffrance est fondatrice de l’exigence du soin et de soin »
- Redynamiser la relation entre un bébé et ses parents
- L’hospitalisation conjointe
- Les soins thérapeutiques
- Comment « nourrir le prendre soin » ?
- Le lien à tout prix ?
Conclusion
Bibliographie