Quand l’entourage accompagne les professionnels dans le domaine des assuétudes

Le Groupement d’Entraide pour les parents et Proches de personnes Toxicomanes et Alcooliques (GEPTA) met à disposition des professionnels un dossier qui vise à soutenir les partenariats entre familles et insitutions ainsi qu'entre les structures existantes; ceci dans un souci de décloisonnement. Présentation :

A en être malade de voir… et de ne pas savoir… quoi faire, quoi dire, quand agir ? Impliqué, mais impuissant, à côté de ce proche, ami, compagne, mari ou épouse, père ou mère, fils ou fille, collègue. Comment voir ce proche aimé, apprécié, admiré, … se détruire, cesser d’être maître de lui-même, jusqu’à l’agressivité, la violence parfois. Comment l’aider, le soutenir, lorsque nous sommes au bord de l’épuisement, sans jamais parvenir à éviter ni les ruptures dans le parcours scolaire, ni la perte d’emploi, ni les accidents, ni les dettes, ni les conflits, … D’espoirs en découragements, les membres des familles, dont l’un a pris des habitudes problématiques de consommation de drogues, d’alcool, de médicaments ou de pratique de jeux de hasard ou de jeux en ligne témoignent du lent, mais inéluctable empoisonnement des liens tissés avec l’être aimé.[…]

Ainsi, c’est fréquemment l’entourage qui introduit la personne dépendante dans le parcours de soins, en prenant contact pour elle, avec les services d’aide et le monde soignant : le consommateur est le plus souvent escorté, voire précédé par les membres de sa famille.
Pourtant, dans les milieux soignants  circulent beaucoup de préjugés qui font obstacle à la prise en compte de l’entourage « si difficile à mobiliser », « peu collaborant » : les proches ont été stigmatisés pendant des années (et le sont encore parfois) par des termes tels que « co-dépendants », « pathogènes », « ambivalents », « toxiques »
Face à cette réalité, notre dossier tient à aborder l’implication des familles dans le processus de revalidation de la personne souffrant de dépendance. Nous observons concrètement les implications d’une cohabitation avec cette dernière ; nous définissons les besoins spécifiques des familles en difficulté ; nous questionnons et illustrons par un témoignage la place de l’entourage dans le processus de soins dont voici un extrait:

 « …Vers l'âge de 15 ans, notre fils a commencé à ne plus avoir envie de ses "guides" parentaux, des règles, de l'autorité en général. Petit à petit, son comportement destructeur s’est amplifié sur le plan scolaire, social et familial. […] nous étions confrontés à une évidence : notre fils se droguait, il fumait du cannabis… Nos réactions inadaptées face à ses agissements et la légèreté de notre responsabilité par rapport à la situation ont entrainé des conséquences plus importantes … Ces événements nous ont tiré de notre passivité et nous ont obligés à prendre la situation au "sérieux". […] nous mettions des limites trop hautes, mal adaptées, voire inutiles et impossible à atteindre pour lui. Nous étions spectateurs de sa destruction,[…] la remise en question de soi-même est un long chemin compliqué. Comme pour nos enfants, ce n’est pas aussi évident que nous pourrions le croire […] Une étape importante […] s’annonçait : réfléchir à nos valeurs, nos attitudes, notre communication pour prendre des décisions, […] en toute cohérence […]. Nous [y] rapportions notre vécu [C’est là que le groupe de parole nous a aidé] car nous nous sentions coupables même si nous étions persuadés que nos décisions étaient justes […] Dans ce groupe, nous avons pu nous lâcher, évacuer,[…], être guidés, sans jugement et surtout nous nous sommes rendus compte que nous n’étions pas seuls dans le cas […] Voilà pourquoi il est donc important de soutenir les parents tout autant que l’enfant qui a une problématique de consommation de produits.»

 

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